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 Éditeur d'Innovation Culturelle MA'A* | hello@monagendart.com 
...est la nouvelle destination des découvreurs défendant le meilleur de l'Art, de l'Architecture et du Design afin de réinventer votre style de vie contemporain.
Régates Rouges | Projet réalisé en collaboration avec Associazione Vela al Terzo et Magazzino Italian Art | Melissa McGill©
 
LA GLACE EN FEU #Shoplifter

ÉRUPTION #BizhanBassiri
 

Pour ce 28ème numéro, CULTURAMA poursuit ses investigations hors des sentiers battus dans les strates de la Biennale de Venise.


Pour plus d'informations sur un article, cliquez sur les images qui l'accompagnent
Shoplifter (fr. voleuse à l'étalage) posant dans son installation CHROMO SAPIENS | Pavillon Islandais, biennale de Venise 2019 | Curatrice : Birta Guðjónsdóttir | Photo. Elísabet Davíðsdóttir | Hrafnhildur Arnardóttir©

TEMPS SUSPENDU
LA GLACE EN FEU
#ISLANDE
Hrafnhildur Arnardóttir allias Shoplifter


Eric de MA'A* : Quand j'ai découvert votre univers artistique en 2004, j'ai été particulièrement intrigué par l'excentricité de vos coiffures sculptées ainsi que par la maîtrise des compositions inspirées de la tradition de la vannerie du XIXème siècle. J'ai alors décidé de suivre votre travail, en me disant : « Cette fille a de la fibre créative. » Qu’est-ce qui vous a poussé à focaliser votre démarche artistique autour du cheveu ?

Shoplifter : J'ai commencé à expérimenter la sculpture avec mes propres cheveux dès l’adolescence dans les années 80. À l'époque, je changeais souvent de coiffure et j'inventais des formes délirantes que même mon coiffeur était incapable d’imaginer.

Après avoir déménagé à New York, je me suis mise à explorer le potentiel des cheveux et à en faire un support créatif. J'ai ensuite participé à la performance intitulée « Sculptrice aux Cheveux Humains ». En ouverture, je créais avec du gel et de la laque colorée des coiffures improvisées sur les invités. J'ai ensuite défilé pendant tout l'événement en exposant ces coiffures et en manipulant les cheveux du public pour en faire une expression sculpturale. Plus tard, les motifs des fleurs textiles commémoratives du XVIème siècle sont devenus une véritable obsession. J'en avais acquis une en Islande ; cette idée a pris un certain temps avant de fleurir et devenir une véritable source d'inspiration pour mon travail.

CHROMO SAPIENS | Pavillon Islandais, biennale de Venise 2019 | Curatrice : Birta Guðjónsdóttir | Photo. Elísabet Davíðsdóttir | Shoplifter©

Eric : Au début de votre carrière, quel sens associiez-vous à la chevelure ? Comment ce concept a-t-il évolué au fil des années ?

Shoplifter : La vanité humaine a eu une grande influence sur moi ; je la considère avant tout comme une force créatrice positive. Le désir de s’embellir et de combattre cette vanité est une source d’inspiration pour moi. Et les cheveux humains y jouent un rôle majeur.
Ils nous guident par ailleurs dans notre recherche d’identité, d’appartenance, voire d’acceptation. Je recherche constamment de nouveaux sens pour explorer cette matière fascinante, aussi bien naturelle que synthétique. Les raisons de l’utiliser comme matériau artistique évoluent sans cesse. Ainsi, les cheveux sont devenus une métaphore sur le consumérisme, l'humanité, la chromothérapie, et bien plus encore.
Nervescape V | Galerie d'Art de Queensland, Australie | Shoplifter©
Eric : Le fil du destin vous a menée à croiser de grandes figures de notre époque. Quelles rencontres, professionnelles ou amicales, vous ont le plus marquée durant les 20 dernières années de votre carrière ?

Shoplifter : J'ai été inspirée et stimulée par diverses collaborations qui ont remis en question ma conception de l'Art et de la coiffure. C'est très gratifiant de travailler avec des créatifs partageant les mêmes idées ; cela pousse souvent mon propre travail hors du sacro-saint d'un musée ou d'une galerie, dans la vie de tous les jours. Ma collaboration avec Björk sur son album Medúlla, ma collection capsule pour « & Other Stories » et d'autres projets liés à la mode avec VPL, Edda Guðmundsdóttir et Chromat ont été des projets marquants. Par la suite, le travail avec Nico Muhly au Kitchen NY et l’installation de fenêtres avec assume vivid astro focus au MoMA ont également été enrichissants. Toutes ces collaborations ont exercé une grande influence sur la genèse de mon œuvre, et m'ont aidée à élargir ma vision de celle-ci.

Vitrine du restaurant Modem | Installation au MOMA | Shoplifter & A.V.A.F©

Eric : Quelles sont vos impressions sur la Biennale de Venise 2019 ? Avez-vous réalisé votre projet comme prévu, sans difficultés ?
 
Shoplifter : La Biennale est une plateforme où la température s'emballe tous les deux ans, même si le concept d’un artiste représentant son pays est un peu dépassé, surtout lorsque la mondialisation et l'immigration fusionnent les frontières culturelles. La Biennale de Venise, pourtant, perpétue cette tradition. Cette année, beaucoup d’œuvres traitent de questions sociales. Ici, nous sommes tous conscients de la folie du nationalisme populiste d'extrême droite.
L'horreur du racisme, qui prévaut encore à notre époque dite éclairée et informée, nous pousse à nous questionner sur l’obsolescence du système. D’un autre point de vue, cette formule de pavillons nationaux nous incite à débattre sur ce qu'est une nationalité, qui est en soi un sujet urgent auquel nous sommes tous confrontés. C’est étrange d’observer comment l’organisation de la Biennale de Venise survit aux bouleversements de la mondialisation et de l'informatique tandis que les frontières de l'identité et de la nationalité prennent de nouvelles significations. Il s’agit tout de même d’un évènement culturel intriguant : c'est à la fois une manifestation d’exposition individuelle, de groupe, et de pop-up, à l’image du pavillon Islandais qui n'a pas d'espace permanent, ni aucune infrastructure pour le financer. À partir de l'attribution d’un lieu dans un site entouré d'eau, tout doit être mis en œuvre à partir de rien et dans un environnement où l’accès à la circulation est difficile. En raison des contraintes de transport, tout déplacement de matériel devient une opération considérable. L'installation CHROMO SAPIENS était ambitieuse et il m'a fallu plus d'un an pour la réaliser. Malgré les défis rencontrés en cours de route, ce projet a été le plus enrichissant de ma carrière. J'ai réussi à aboutir à la vision que j'avais en tête et j'en suis extrêmement fière.

« Je me dois de recréer l'univers chaque fois que je me lève et de le tuer chaque fois que je me couche. » Björk



+d'infos : Site officiel | studio@shoplifter.us | Biennale de Venise 2019

Nervescape VII | Galerie Nationale d'Islande | Photo. Hrafnhildur Arnardóttir | Shoplifter©
Nervescape VIII | Avec performance musicale par Högni Egilsson | Galerie Kiasma | Photos. Petri Virtanen | Shoplifter©

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Building Bridges | Le pont représentant l'unité et la paix | Biennale de Venise 2019 | Lorenzo Quinn©
Vois ce Bleu profond te Fondre, le pavillon Français | Biennale de Venise 2019 | Laure Prouvost©
Portrait de Bizhan Bassiri | Photo. Mahhnaz Sahhaf©

LA PENSÉE MAGMATIQUE
ÉRUPTION
#ITALIE
Bizhan Bassiri


Eric de MA'A* : La Chute des Météorites est née en 1979 quand vous avez visité le Vésuve. Cet événement vous a fasciné au point d’influencer votre création et votre philosophie de vie. Qu’avez-vous ressenti à cet endroit ? Qu'est-ce qui vous a fait entrer dans « un état magmatique, comme si la lave circulait dans vos veines » ?

Bizhan Bassiri : La pensée magmatique, celle qui me sustente, remonte à la fin des années soixante-dix, vers un lieu et une heure inattendus. Tout s'est passé en un instant : j'ai été percuté de plein fouet par une météorite et aspiré par la genèse infinie où la vacuité de la vie humaine m’est apparu. Depuis lors, je suis le témoin d’un phénomène inédit. Projeté hors du temps, suspendu dans l’espace, je ne me pose plus la question de ralentir ou d’accélérer, seul compte cet instant de grâce avant la révélation : ce moment où, en posant les pieds pour la première fois sur la surface du cratère, j'ai ressenti une force m’envahir. La vitalité du magma créateur a inondé mes veines au point de faire exploser mon cerveau.
TAPESH, le pavillon Iranien | Biennale de Venise 2017 | Curateur : Majid Mollanoruzi | Bizhan Bassiri©
Le manifeste théorique de la pensée magmatique est né en 1986. C’est une philosophie avec un double niveau de lecture. Le premier n’est qu'un flux poétique, imaginaire, en temps inversé. Le second est une méditation, une extension de la raison, une ode intemporelle. La fusion de ces deux facettes demeure un processus constant, lent et infini.
VEGLIA | RISO, Palermo | Bizhan Bassiri©

Eric : Vos installations présentent des fusions de couleurs de prime abord opposées : le bleu et l’or, le rouge et le noir, l’or et le blanc, le rouge et l’or. Ces associations de couleurs sont sublimes. Quel rôle joue la couleur dans votre œuvre ?

Bizhan : Le matériau prime sur la couleur. Il exprime les forces vives de la nature, sans retenue. Le jaune, c’est l’or pur, le soufre, le miroir du bronze. Le noir — la fumée, l'ivoire, l’huile de machine brûlée. Le blanc, c’est le titane, la poussière de marbre statuaire. Le rouge le cadmium rouge, l’huile hydraulique de tracteur Fiat. Le bleu, c’est la mer, le bleu de cobalt.

NOOR | MACRO Testaccio, Rome | Bizhan Bassiri©

Eric :  Comment décririez-vous la genèse de vos œuvres ?

Bizhan : L'intuition est le point de départ de la création. L’existence de l’œuvre d’Art dans le monde est une météorite qui provient du cosmos et qui n’appartient pas à la terre mais qui lui apparaît.

Eric :  Quels sont vos projets futurs ?

Bizhan : Dans un futur proche, beaucoup de choses se passent. Dans ce champ des possibles, je suis la vision. J'essaie de ne pas m’égarer dans les impasses de la pensée. Ainsi, je poursuis mon chemin à travers cette vie fragile.

VEGLIA | RISO, Palermo | Bizhan Bassiri©
Sun & Sea | Lion d'or à la Biennale de Venise 2019 | Pavillon Lituanien | R. Barzdžiukaitė, V. Grainytė & L. Lapelytė©

CORRESPONDANCES
Éruption du Vésuve au clair de lune, XIXème siècle | Pierre-Jacques Volaire©
Robe instrumentale pour Björk | A. McQueen, B. Dress & Shoplifter©
Coiffure harmonique | Photocollage | Shoplifter©
Restes humains figés par la lave lors de la destruction de Pompéi | Parc Archéologique de Pompéi©